Alors que les confinements successifs de ces dernières années ont vu les assignations à résidence promouvoir par ricochet le télétravail, le Portail du temps partagé vous propose de partager en trois volets ses réflexions autour de cette pratique hybride. Ces articles compléteront le webinaire « Temps partagé et télétravail : quelle évolution depuis 3 ans ?« .
Chapitre 1 : « Mais où est passée la machine à café ? »
Teams, Zoom, Google meet, Skype…Les plateformes de réunion à distance sont devenues un incontournable de la vie professionnelle ! L’arrière plan est étudié, la posture soignée (en tous cas pour la partie visible, le bas de pyjama étant s’en amusait on devenu légion au cœur de la pandémie). Chacun occupe le centre exact du cadre rectangulaire qui lui est assigné, souvent une dizaine de participants divisés en autant de cellules individuelles.
Mais quels sont finalement les enjeux qui se cachent derrière l’écran ? Beaucoup de questions émergent à l’aune de cette nouvelle façon d’exercer qui voit travail et loisir investir tantôt la maison, tantôt le bureau, deux endroits jusqu’alors spécifiquement dédiés à l’un ou à l’autre. Il n’y a guère si longtemps, on employait volontiers le mot « société » pour désigner une entreprise comme étant un lieu de vie collective, un mode d’existence caractérisé par la vie en groupe autour d’un projet commun.
Se voir…S’entendre…ou se regarder et s’écouter ?
Sophie Aranda est chargée de communication à temps partagé Gemploi (Le groupement d’employeurs compte 35 permanents à temps partagé). Au sein du dispositif, une charte de télétravail a été intégrée. Partie prenante au cœur du sujet Sophie nous livre son impression.
Chantal Jacopin, après un parcours en tant que directrice de la Communication de grands groupes a fondé son agence Paris Brest Conseil.
Toutes deux, très impliquées en tant que partenaires du Portail du Temps partagé croisent leur regard sur cette révolution de l’entreprise qui comme le souligne Chantal Jacopin « a secoué le cocotier ! C’est le mai 68 de l’entreprise qui a permis de réformer les méthodes de travail au delà du lien de subordination ».
PTP : Alors, avec le recul : Argument ou écueil le télétravail à temps partagé ?
Sophie Aranda :
« Cela dépend beaucoup du poste que l’on occupe et de l’objectif de l’entreprise en termes de communication. Les métiers de terrains comme l’événementiel peuvent y voir un impact négatif, pourtant nombre de petites entreprises ont découvert la communication à travers l’installation d’une communication à distance qui se doit de se donner une visibilité social-média vulgarisant ainsi les réseaux de manière générique.
Etablir une stratégie d’entreprise physique et globale de manière à intégrer dans le dispositif les réseaux pour créer une image d’entreprise me semble être une bonne chose. Beaucoup de PME ont transformé cet obstacle en atout.
Il me semble qu’exercer le métier à distance a ouvert la voie à davantage de qualité dans l’écoute puisque l’on se voit moins. Le télétravail a donné accès à davantage de vecteurs pour les profils com, et notamment l’opportunité de créer des moments de vie informels au bureau car le lien humain prévaut pour agencer nos compétences. Cela participe de toutes façons à une gymnastique intellectuelle valorisante.
Le temps partagé conduit à s’interroger sur son parcours, ouvrir des perspectives panoramiques pour travailler sa curiosité, le télétravail accompagne sans doute ce mouvement dans le paradigme de l’emploi. »
Chantal Jacopin :
« Le temps partagé autant que le télétravail rebattent les cartes des modèles d’entreprise traditionnels et replacent la relation de confiance au centre des projets à conduire.
Depuis 3 ans que les entreprises ont fait un passage obligé par le télétravail, on commence à avoir un peu de recul et le temps de l’analyse est à l’œuvre.
Depuis 7 ans, j’accompagne une société à mission dans le domaine de la finance responsable avec des engagements forts. L’entreprise me fait notamment confiance sur un gros événement récurrent. Au début, ils étaient 15, à présent ils sont 100. C’est une boîte jeune et plusieurs collaborateurs bien que vivant en province se rendent régulièrement à Paris, avec une prise en charge de la société. Néanmoins, il y a des personnes que je n’ai pas revues depuis 2 ans et le dirigeant le déplorait alors que j’en échangeais avec lui.
On sent bien qu’il est nécessaire de trouver un retour à des temps communs. La limite est là. Il faut repenser ce temps collectif en privilégiant la qualité en marge de la réunion traditionnelle du lundi
Aujourd’hui le télétravail sur au moins un, voire deux jours est devenu un prérequis de l’offre d’emploi, en tous cas dans les grandes villes notamment au regard du temps alloué au transport. La majorité des travailleurs des grandes agglomérations enregistrent minimum 1 heure quotidienne de transport pour se rendre sur leur lieu de travail. L’éviter ne serait-ce qu’un jour par semaine constitue un véritable atout. Encore faut-il savoir s’auto-motiver pour travailler chez soi. »
Si les français enregistrent une moyenne de 0.6 jours de télétravail par salarié et par semaine (quand les US, le UK et le Canada sont à 1,5 jour par semaine), on note néanmoins que l’appétence des candidats à l’emploi pour le travail à distance reste vive même si les managers confient eux, souffrir d’une certaine solitude.
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