Travail à temps partagé : et les institutionnels ?
Il concerne des dizaines de milliers de professionnels qui ont choisi de partager leur expertise au sein de plusieurs entreprises, et 96% d’entre eux souhaitent conserver cette façon de travailler *.
Comment sont-ils soutenus dans cette démarche de mutualisation qui répond aux exigences d’une économie en mutation ?
En mars 2015, François Rebsamen ministre du travail et de l’emploi, profitait des 30 ans des groupements d’employeurs (GE) pour saluer les initiatives de travail en temps partagé et leur efficience.
Le 9 juin de la même année, Manuel Valls enfonçait le clou lors de l’annonce de ses « mesures pour favoriser l’emploi dans les TPE/PME » en officialisant le soutien des élus à cette forme de travail, estimant que les GE constituent des « accélérateurs d’emploi ».
Quant au tout nouveau président Emmanuel Macron, ne plaide t-il pas d’ores et déjà dans son programme pour l’assouplissement du temps de travail et la flexibilité pour les entreprises comme priorité ?
Mieux établis car plus anciens, les groupements d’employeurs ne sont pas la seule façon pour les entreprises d’entrer dans la juste compétence au juste coût. Multi-salariat, portage salarial ou prestataire de services en indépendant : eux aussi se développent !
Tout indique que le temps partagé qui voit se rencontrer les besoins des entreprises et l’expertise, va continuer lentement mais surement d’asseoir son bien-fondé.
Le succès de la formule est bien là, discret mais grandissant, nous enjoignant à changer de culture, de système de valeurs, non seulement dans l’entreprise mais aussi dans la société tout entière. Quitter le paradigme du temps de présence au bureau ou de la hiérarchie pour raisonner en termes de compétences, dans une logique de maîtrise des coûts…
La nécessité de conduire le changement dans les organisations politiques, économiques et sociales
Si tous ceux qui le pratiquent le plébiscitent, il apparaît que l’obstacle au développement de cette formule d’aménagement du temps de travail en France réside dans l’insuffisance et le manque de communication autour des offres, plutôt que dans les demandes.
Bien qu’on sente s’accentuer l’intérêt des dirigeants et de certains institutionnels pour le temps partagé (qui diffère du temps partiel en ce sens où il n’est pas subi mais choisi), il incomberait aux pouvoirs publics de stimuler les négociations pour faire connaître cette forme d’emploi gagnant-gagnant et abolir la situation d’exception de cette communauté de travailleurs avec laquelle il va falloir compter, au regard des droits sociaux notamment.
Catherine Poux, DG entreprises de Pôle Emploi et Isabelle Le Faucheur, présidente de la Fédération Nationale des Groupements d’Employeurs ont conclu un plan d’action commun en faveur du temps partagé
Sur le terrain, le maillage des actions de toutes les associations : FNATTP (Fédération nationales des associations du travail en temps partagé), FNGE (Fédération nationale des Groupements d’Employeurs), SNGE (Syndicat national des groupements d’employeurs) permet des synergies propres à interpeler les institutionnels.
Entre « La semaine du temps partagé » dont c’était la 8ème édition l’année dernière, la création du master « RH à temps partagé » en 2013 à Vannes ou encore du diplôme de « Manager de groupement d’employeurs » au sein de l’université de Nantes en 2014, plusieurs actions ont été menées !
Les collectivités publiques locales commencent à s’impliquer comme c’est le cas en Bourgogne par exemple où Pôle Emploi a conclu une convention régionale de partenariat avec Gecko, un groupement d’employeur en 2014.
En avril 2016, c’est la promesse d’une plate forme d’emploi à temps partagé de dimension nationale, « Job GE » qui était signée toujours avec Pôle Emploi, mais cette fois avec la direction générale grâce à l’endurance de la FNGE.
Un travail de longue haleine qui mobilise aussi les CCI
Elles sont de plus en plus nombreuses à lancer des appels d’offres ou études de marché pour recenser les besoins des entreprises du territoire et encourager à la constitution d’un réseau afin de partager le temps de travail et les ressources locales.
En Bretagne où les groupements d’employeurs sont très actifs, la Chambre de Commerce et d’Industrie se fait le relai de toutes les organisations en place grâce à une communication appuyée sur le dispositif.
De son côté, la CCI Paris-Ile de France a mis en place « Mutualiz’Emploi », un accompagnement personnalisé et gratuit, pour permettre aux dirigeants d’apprendre à connaître les différentes solutions d’emploi partagé.
À Versailles, la CCI contribue elle aussi à transformer les idées, au travers d’ateliers, de conférences, ou par le biais des sessions « GPEC » (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences) qui visent, au cœur des pratiques RH à adapter les emplois, les effectifs et les compétences aux exigences de l’entreprise.
Agnès Noël, conseiller RH au sein du service développement de l’entreprise de la structure témoigne de l’écho favorable que reçoivent ces présentations : « le travail à temps partagé est bien souvent une découverte, mais l’intérêt des dirigeants est présent tout comme la nécessité de replacer l’humain au centre de leur stratégie ».
On le voit, on le sent : les codes qui se bousculent autour des mots hiérarchie, productivité, performance, pourraient tout comme la tectonique des plaques créer un mini-séisme au pays du travail et des idées préconçues.
Agnès Noël est directrice du développement des entreprises à la CCI de Versailles
Les Chambres de Commerce et d’industrie de France en chiffres :
Les CCI mènent des actions générales et spécifiques en faveur de toutes les entreprises de leur territoire, grâce à un maillage de 126 établissements publics nationaux, régionaux et locaux.
Chaque année, ce sont :
- 160 000 porteurs de projet accueillis dans 234 Espaces Entreprendre
- 600 000 jeunes et adultes formés
- 2 900 000 entreprises bénéficiaires et électrices accompagnées par 20 000 collaborateurs
* Baromètre 2016 du travail à temps partagé
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