Comment se vendre lorsqu’on se lance dans le Temps Partagé ?
Entretien avec Bernard Anglezi, en charge de la Communication de la FNATTP (Fédération Nationale des Associations de Travail en Temps Partagé).
Bernard Anglezi est un jeune retraité actif. Ce qui frappe, de prime abord, lorsqu’on échange avec lui, c’est son dynamisme et sa bienveillance. Son histoire est à la fois originale (Quel itinéraire ne l’est pas ?) et représentative du parcours que nous imposent les mutations de notre société, du point de vue professionnel. Au point que ce Rouennais, investi de la première heure, décide la retraite venue, de donner son temps pour promouvoir cette nouvelle façon de travailler qu’est le temps partagé.
Un licenciement qui vient clore brutalement 30 ans de carrière
Passionné de relations humaines et de journalisme, après une formation en publicité, Bernard intègre un groupe d’imprimerie, spécialisé dans l’édition de supports de communication. Son évolution au sein de cette entreprise suit un cursus dit « classique », et, lorsqu’il apprend son licenciement (à la suite d’un changement de Direction, donc d’un changement de politique), il encadre une équipe de plusieurs commerciaux.
Passé ce qui est toujours un choc à cinquante-sept ans, il est bien décidé à agir, et choisit de profiter de cette opportunité involontaire pour donner une nouvelle orientation à sa vie professionnelle.
Rebondir grâce au Temps Partagé
La nécessité de repenser les modèles pratiqués jusque-là s’impose à lui, et avec elle, l’évidence du travail à temps partagé. Convaincu qu’il peut être « utile » professionnellement de façon différente, Bernard rejoint CAP Compétences à Rouen, un réseau de 150 cadres expérimentés assurant la promotion du travail en temps partagé, outil de développement économique (CAP Compétences est l’une des 26 associations régionales qui composent la FNATTP).
Aguerri à la communication d’entreprise, il identifie des axes d’amélioration pour CAP et s’investit pour renforcer l’image de l’association. En parallèle et pendant cinq années, il partage son temps entre une activité de mandataire pour un groupe d’assurances, et l’enseignement du marketing et du management commercial à l’Université de Rouen.
Aujourd’hui, à 65 ans, Bernard Anglezi met ses compétences de communicant au service de la FNATTP. Il nous livre quelques pistes pour une reconversion réussie.
– Quel est le déclic qui permet de donner une impulsion nouvelle à sa vie professionnelle ?
Le Temps Partagé ouvre le champs des possibles
– Bernard Anglezi : « La démarche fondatrice pour s’inscrire dans une vie professionnelle épanouissante consiste à oser se poser la question d’une autre forme de travail. Il ne faut pas craindre de cesser de raisonner avec des schémas modélisés. Il s’agit de remettre en cause son expérience au profit d’une offre nouvelle, qui ne répond plus seulement à la question « que sais-je faire? », mais aussi « qu’ai-je envie de faire ? » et comment je veux le faire. Prenez l’exemple de Jean-François Cantu, qui est spécialiste réseaux au sein de Cap Compétences, et féru d’économie. Après une carrière en tant que Directeur d’une unité de fabrication dans le BTP, à 58 ans, il choisit de mettre en valeur ses connaissances, donne des conférences en Économie et devient consultant ! Il a totalement changé de monde avec succès, parce qu’il s’est risqué à repenser sa représentation du travail ».
– Finalement, ce que vous dites, c’est qu’avant toute chose il faut une volonté, un état d’esprit autour desquels vont venir se structurer les aspects techniques…
– Comment passe t-on d’un concept à une réalisation concrète ?
Une offre et non plus un CV
« Ces phases de réflexions conduisent à mettre en exergue des compétences et des motivations. À partir de là, se construit tout naturellement une offre et non plus un CV, l’adéquation entre un savoir-faire et un besoin ponctuel ou récurent de l’entreprise. -Mes connaissances peuvent permettre de résoudre une, ou des problématiques précises, au juste coût-. Flexibilité, savoir-faire, mais aussi savoir-être se conjuguent. C’est la définition du temps partagé ! CAP Compétences, entre autres, propose un programme de formation sur six jours en deux volets -créer votre offre / créer du réseau- pour avancer dans la maîtrise des aspect techniques qui vont venir structurer un projet. Il s‘agit principalement de cibler sa clientèle potentielle et de choisir son positionnement en lien avec le marché que l’on souhaite investir. »
– J’imagine qu’il est préférable de ne pas s’isoler, dans cette étape décisive ?
L’importance du réseau
« Sur ce point, je citerais justement Jean-François Cantu, qui aime à dire que : -la recherche d’activité, c’est 80% d’humain et 20% de technique-, et en effet, 75% des missions qui se concrétisent proviennent de contacts noués via des réseaux. Intégrer des associations, des clubs, participer à des ateliers, échanger les savoir-faire et les expériences, sont les prérequis à la mise en place d’un échange commercial”. Attention, insiste Bernard, il ne s’agit pas de réseauter uniquement dans son domaine professionnel ! Un informaticien, peut être utile à toutes sortes d’entreprises…Si l’on considère, en outre, qu’un échange peut, (dans le meilleur des cas) mettre plus d’une année à porter ses fruits, il est plus qu’indiqué de multiplier les contacts et d’éviter ainsi l’écueil du repli sur soi, à fortiori si le projet fait suite à une déconvenue professionnelle. »
– On en revient donc à une histoire d’attitude : curiosité et ouverture aux autres !
Être son propre commercial
« Toujours, car le temps partagé replace l’humain au coeur de la vie professionnelle. Ce qui fera la différence, c’est la qualité de la communication, dont l’optimisme et l’empathie sont les ingrédients indispensables ! Mon parcours m’a permis de constater à quel point il est complexe pour bien des cadres, d’intégrer une communication efficace, dans une société encline à nous éloigner les uns des autres. Savoir se vendre, proposer et non imposer, cela s’apprend. Sourire : c’est la base, même au téléphone. Chaque rendez-vous est potentiellement professionnel. Il s’agit de trouver la juste combinaison entre une offre de service attirante et fondée (puisqu’elle répond à une problématique identifiée), et une attitude persuasive. »
A savoir
CAP Compétences, grâce à l’effet réseaux et au “savoir se vendre” génère une quarantaine de missions par an.
CAP Compétences est l’une des 25 antennes de la FNATTP (Fédération Nationale des Associations du Travail en Temps Partagé).
CAP Compétences : 51, rue de la République Deville Les Rouen 76250 / Téléphone: 02 35 76 47 00
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www.le-portail-du-temps-partage.fr
Marie-Victoire Vergnaud
Relations Publiques et rédactrice web